Le Réseau Santé Trans (ReST) est très heureux de recevoir le prestigieux prix national de la Ville de Paris pour les droits des personnes LGBTQI+, lors de la journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, marquant une reconnaissance de notre travail réalisé depuis des années en faveur de l’autodétermination des personnes trans dans leur parcours de soins.
Le ReST, fondé en 2018 en Bretagne pour faciliter la mise en réseau des professionnel·les de santé prenant en charge des personnes trans et des associations de personnes concernées s’est développé depuis deux ans avec une antenne parisienne qui propose des formations à la primo prescription hormonale pour les médecins.
Le jury du prix a assumé, lors de la remise de l’annonce, faire un acte politique fort au moment où s’ouvre la révision des recommandations de la Haute Autorité de Santé, pointant l’absence, dans les facultés de médecins, de formation, initiale comme continue, des professionnel·les de santé sur les transidentités. Le jury du prix de la ville de Paris souligne aussi la nécessité de pratiques respectueuses de l’autodétermination des personnes trans et de leur autonomie, reposant sur la médecine de ville, mettant en pratique la nécessaire démocratie sanitaire.
Dans un contexte où le monopole de l’offre de soins de la SoFECT a été brisé par l’acharnement des organisations trans à revendiquer et construire par elles-mêmes et pour elles-mêmes une offre de soins adaptée et libérée de toute intrusion psychiatrique, ce prix vient saluer l’effort des militant·es trans qui se sont battu pour leur santé communautaire et ont arraché le droit à la protection de celle-ci au nom de la santé publique.
Dans un contexte de re-centralisation de l’offre de soins autour des héritiers de la SoFECT, et de la recomposition du monopole informationnel des médecins sur les transitions, ce prix vient promouvoir un modèle d’organisation des soins décentralisé fondé sur la démocratie sanitaire : la co-gouvernance paritaire entre associations d’usager·ères du système de santé et professionnel·le·s de santé, la valorisation des savoirs trans et des compétences de pair-aidance, la restitution auprès des communautés trans des savoirs construits sur elles, la co-construction des études et la responsabilité éthique des chercheur·es de toutes disciplines à viser l’amélioration de la santé communautaire.
Dans ce même contexte où l’autonomie en santé des personnes trans est bafouée par des attaques médiatiques menées par des organisations transphobes proches de la Manif pour Tous, ce prix est un signal fort en faveur d’un système de soins qui reconnaît aux personnes trans le droit incontestable de transitionner médicalement, et qui affirme et renforce fondamentalement le droit de toute personne à disposer de son propre corps.
L’année 2022 marque la participation des associations trans membres du ReST à la mission commandée par Olivier Véran sur la santé et aux parcours de soins des personnes trans. Il en est ressorti un rapport, soutenu par le Ministère de la Santé et l’IGAS, qui a consacré tous nos principes : autodétermination des personnes trans, consentement libre et éclairé, reconnaissance de la diversité des parcours de soins, repositionnement frontal de la médecine générale de ville dans les parcours de soins.
C’est aussi l’année de l’effectivité de la sortie des transidentités du champ des maladies mentales, votée par l’OMS en 2019, et de la saisine consécutive de la Haute Autorité de la Santé (HAS) par la CNAM et le Ministère de la Santé. Le ReST a commencé à travailler, avec la HAS, à l’élaboration des futures recommandations de bonnes pratiques d’accompagnement des personnes trans. Nous prenons la récompense de la Ville de Paris comme une marque de confiance à l’adresse d’une vision de la santé qui ne transige pas sur la dignité et l’autonomie des personnes trans.
Nous remercions le jury du prix international et la Ville de Paris pour cette récompense, qui nous conforte dans notre travail pour le droit d’accès aux soins trans-spécifiques, et nous engage. Nous promettons aux communautés trans de continuer à œuvrer auprès de la HAS, du Ministère de la Santé, des Agences Régionales de Santé, avec la même exigence qui nous a toujours animée depuis notre fondation : celle de replacer au centre des dispositifs de soins les intérêts premiers des personnes trans.